Francois Fries, plasticien, vit et travaille à Paris.
Caché dans un des méandres de la Seine, tapi dans son petit abri intime, dans sa pièce avec vue, de sa fenêtre, le peintre observe les scintillements propres aux ondes du fleuve. Puis, dans son atelier parisien, il peint en gardant dans les yeux des reflets de l’eau, la fulgurance du paysage, l’éclat et l’intensité de la lumière. Et pourtant François Fries ne s’inscrit pas dans la lignée des peintres impressionnistes…
Non, il intègre plutôt sa pratique de la peinture dans cette tradition des artistes qui appliquent la matière en posant le support – la toile libre – au sol. Il s’inscrit dans cette démarche inaugurée par les peintres dans les années 50, Jackson Pollock en tête, dans laquelle l’acte physique de peindre et la gestuelle de l’artiste sont mis en avant. Il produit ainsi une peinture de recouvrement mais aussi de « découvrement » puisque l’artiste accepte de découvrir. Ces notions sont à entendre comme une découverte, une trouvaille tout autant qu’un discernement, une révélation, ou encore un manque, un enlèvement. La pate picturale travaillée par le geste du créateur, s’étale elle-même, s’amuse du hasard et crée la surprise. Dans cette réalité du mouvement conjoint du matériau lui-même et de l’aspect physique de la création à l’œuvre, la peinture semble relever de la cuisine dans laquelle l’action de l’artiste pourrait être d’incorporer de la levure ou des épices ou encore de l’oxygène, du volume, de la densité, de la consistance, et enfin du goût et du plaisir. Pain et levain, glaçage acidulé, strates de terre nourricière, les allusions gourmandes sont présentes dans ses toiles. (…)
Extrait de Récits de peinture par Isabelle de Maison Rouge
Voir également le premier opus de la monographie du peintre François Fries paru dans la collection WorkOf