Sandra Matamoros, photographe / plasticienne, vit et travaille à Paris.
Visiter l’atelier de Sandra Matamoros m’a fait changer la focale du regard que je portais sur son travail. J’avais en tête ses photos, cadrées carré, une œuvre en deux dimensions, mais les miroirs, les fils, le papier, la colle et les ciseaux que je découvrais ont agi comme révélateur de dimensions subtiles dans les œuvres de l’artiste, photographe mais donc aussi plasticienne, qui m’accueillait.
Sandra Matamoros est une artiste 3D, ses œuvres ont de l’épaisseur. L’artiste enchâsse dans ses grands tirages sur alu des miroirs, véritables portes d’entrée dans l’œuvre pour celui qui regarde. Épaisseur aussi dans les mots cousus sur des photos de rêveurs ainsi que dans l’accrochage en relief de Triptyques, mais épaisseur surtout dans de savants pliages et origamis, véritables sculptures échappant à un regard unique par des reflets miroirs rappelant les kaléidoscopes.
Le temps, l’heure du jour ou de la nuit, mais aussi le mouvement et le changement d’angle de vue, modifient la perception des œuvres par les effets des miroirs qui réfléchissent un environnement changeant. Sandra est une artiste 4D ; son parcours de réalisatrice à la sortie des Arts Déco n’est certainement pas étranger à cette recherche du mouvement dans son œuvre plastique.
Il y a une cinquième dimension au travail de Sandra, celle du sens, comme pour toute œuvre, certes, mais pour Sandra Matamoros le sens donné à son travail s’inscrit dans une quête entêtée d’un Graal autant artistique que philosophique, voire alchimique. Les schémas ésotériques qui enluminent des photos d’eau, de terre ou de feu, racontent l’homme dans sa relation aux éléments et donc à la planète. L’eau, dans chacun de ses états, solide, liquide, gazeux, est centrale dans le travail récent de l’artiste. Elle en interroge la sensibilité aux émotions humaines et les traces qu’elle en garde ; la mémoire de l’eau, vérité scientifique hasardeuse mais licence artistique heureuse.Merci Sandra pour cette œuvre qui fait bouger les lignes entre photographie et sculpture.
Merci Sandra pour cette quête d’absolu qui rend espoir dans cette période troublante.
Louis-Laurent Brétillard